La retraite des femmes
Les prestations de retraite des femmes : l’avenir entre leurs mains.
Bien que les femmes contribuent au marché du travail de manière significative, on observe que les devenirs professionnels entre femmes et hommes peuvent encore être très différents. En effet, les femmes travaillent bien plus souvent à temps partiel, elles souhaitent ou doivent en outre parfois opter pour une interruption de carrière généralement liée à la maternité ou aux choix de carrière de leur époux.
Tenant compte des trois piliers de la prévoyance en Suisse, on observe que statistiquement les rentes de vieillesse des femmes sont sensiblement inférieures à celles des hommes.
Dans le premier pilier (AVS), l’écart observé est presque nul grâce au splitting (partage des revenus des conjoints) et aux bonifications pour tâches éducatives (revenu fictif durant les années durant lesquelles le ou les enfant(s) sont à charge).
L’écart noté est plus important dans le deuxième pilier, puisque le taux d’occupation a un impact très important sur le capital de prévoyance constitué en fonction du salaire assuré. Ce phénomène est donc renforcé par l’application de la déduction de coordination, qui pénalise systématiquement les cotisations de prévoyances des petits revenus, qu’ils soient liés à un temps partiel ou au fait d’avoir plusieurs emplois différents.
Finalement, 50% des femmes actives ne cotisent pas au troisième pilier, se privant ainsi d’une baisse de leur charge fiscale (ou de celle du couple) et d’une amélioration de leurs prestations de retraite.
Quelles solutions ?
Un taux d’occupation plus important et moins d’interruptions de carrière apporteraient bien sûr plus de sérénité financière, mais ce choix n’est pas toujours possible.
Une révision du système fiscal Suisse, avec notamment l’introduction d’une imposition individuelle pour les couples inciterait aussi les personnes actives à temps partiel à travailler davantage. On se rappellera que pour les couples mariés où les deux conjoints travaillent, la progressivité considérable des taux d’impositions marginaux est un facteur très pénalisant, qui incite donc les femmes a réduire leur temps de travail, quand elles ne quittent pas tout simplement le marché de l’emploi.
Au niveau de la prévoyance professionnelle, la suppression ou la diminution de la déduction de coordination permettrait d’améliorer les prestations de retraite. Cette mesure impliquerait toutefois des cotisations sociales plus élevées tant pour l’employeur que pour l’employé.
Mais le système fiscal comme le système de la prévoyance suisse reposent encore sur un modèle familial hérité d’un autre siècle. Et si le besoin de réformes est reconnus par tou(te)s, ces dernières tardent à se matérialiser !
Dès lors le seul remède efficace est une prise de conscience individuelle de cet état de faits : Il incombe à toute femme active de s’intéresser au sujet et de prendre toutes dispositions nécessaires pour lui assurer un train de vie correct à la retraite.
On peut en particulier citer deux pistes intéressantes, pour autant que la trésorerie disponible permette de le faire :
- Procéder au rachat volontaire des lacunes de cotisations dans le 2e pilier. Ces dernières peuvent être importantes en cas d’interruptions de carrière, ou de travail à temps partiel pendant une période de temps limitée, car le retour à un emploi à plein temps ouvrent alors d’importantes réserves de rachats.
- Souscription à un 3e pilier a) ou b). On relèvera que les cotisations au pilier 3a ont l’avantage de ne pas dépendre du niveau de salaire, même si elles restent modestes par rapport à l’épargne LPP. On se rappellera que dans le cas d’un couple marié les deux conjoints peuvent souscrire à un tel compte et en déduire les contributions des revenus du couple, pour autant qu’ils disposent tous deux d’un salaire soumis à l’AVS.
Une planification à long terme de votre retraite peut donc apporter plusieurs résultats concrets pour qui sait utiliser les outils à disposition à bon escient.