Vaut-il le coup de racheter son deuxième pilier ?
Vous vous interrogez sur la pertinence de procéder à un rachat dans votre caisse de pension ? Nous y répondons dans cette interview parue dans la Tribune de Genève le 11 janvier 2023. Suivez ce lien pour consulter la version numérique de l’interview : https://www.tdg.ch/vaut-il-le-coup-de-racheter-son-2e-pilier-720887633626
Vous êtes salarié ? Alors vous recevrez bientôt la fiche annuelle de la caisse de pension de votre employeur. Celle qui vous renseigne sur le montant des rentes que vous devriez toucher à la retraite. A la colonne intitulée « rachat », un certain montant est indiqué. Comment savoir ce qu’il signifie et ce qu’il convient de faire, selon sa situation ? Décryptage avec un expert en prévoyance, Marco Salmina, planificateur financier chez Impact Financial Engineering SA.
Si le montant indiqué est nul, c’est que vous avez toujours travaillé depuis vos 25 ans, sans interruption liée à la parentalité, au chômage, à des années à l’étranger, et que vous percevez toujours le même salaire depuis le début de votre carrière. Si ce n’est pas le cas, ce montant vous indique la somme qu’il vous faudrait actuellement rembourser pour obtenir une rente pleine à la retraite.
Femmes souvent désavantagées
Vaut-il le coup de payer ? Marco Salmina estime que oui, en règle générale. L’expert estime en outre qu’« il n’est jamais trop tôt pour penser à prévoir sa retraite». De préférence, avant que des événements économiquement déstabilisants comme un divorce, un deuil, ou un licenciement viennent jouer les trouble-fêtes.
Cela est particulièrement vrai pour les femmes, déjà désavantagées à la retraite par des rentes plus modestes calculées sur une espérance de vie plus longue, par une carrière plus souvent menée à temps partiel et par des interruptions de travail liées à la maternité.
On voit trop de personnes arriver chez nous à la veille de la retraite. Elles se rendent compte que leur rente ne leur permettra pas de garder leur train de vie – aussi modeste soit-il. Or si ces personnes étaient venues nous voir quelques années avant, on aurait vraiment pu modifier la donne », regrette Marco Salmina.
Les seuls « trous » au 2e pilier que l’on peut éventuellement combler sur base volontaire sont les suivants : « Une affiliation tardive au 2e pilier, une période de chômage (pas de cotisations pour l’épargne retraite), une augmentation du taux d’activité ou du salaire, une modification des conditions d’assurance LPP décidées par l’employeur ou encore un divorce avec partage de l’avoir de vieillesse accumulé durant les années de mariage. » Il n’est pas possible de payer pour compenser une carrière à temps partiel par exemple. L’avantage directement perceptible du rachat ? Il est entièrement déductible du revenu imposable, en tous cas à Genève et sur Vaud.
Cas particuliers
Comment s’y prendre ? Contacter sa caisse de pension pour lui demander le montant du rachat disponible, remplir le formulaire qu’elle donnera et payer. Après le versement, la Caisse de pension fournit une attestation à l’assuré, pour la déduction fiscale. Attention : si l’on change d’employeur, le 2e pilier ne suit pas automatiquement comme l’AVS. Il faut indiquer à l’ancienne caisse de pension le nom de la nouvelle caisse, pour que l’épargne suive.
« En l’absence de toute instruction, et passé un certain délai, la caisse de l’ancien employeur transfère l’épargne auprès de la Fondation supplétive LPP. Il existe des situations où l’épargne transférée est trop importante par rapport aux exigences du nouveau plan. Dans ce cas, la nouvelle caisse transfère le trop-perçu sur un compte de libre passage au nom de l’assuré. » Des fonds que l’on peut rapatrier, à condition de s’en occuper soi-même.
Est-il souvent avantageux de racheter son 2e pilier ?
« Il est en principe intéressant au niveau économique et fiscal de procéder à un ou des rachats échelonnés sur plusieurs années, sauf dans les cas suivants, indique Marco Salmina : si la caisse de pension présente un important taux de sous-couverture ou si elle est en phase d’assainissement, si l’état de la santé et/ou le statut familial de l’assuré ne plaide pas pour un rachat (ndlr : par exemple si l’on est atteint d’une maladie grave et sans héritier), ou encore si l’intéressé entend prendre tout ou partie de son avoir de vieillesse sous forme de capital dans les trois ans qui suivent le dernier rachat (ndlr : par exemple pour acheter un bien). »
A-t-on un meilleur temps de racheter son 2e pilier ou de cotiser au 3e pilier ?
« Si l’on est salarié, dans l’idéal il faudrait faire les deux. Mais si une lacune peut toujours être comblée au niveau du 2e pilier, ce n’est à l’heure actuelle pas possible dans le 3e pilier A. »
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